Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Membres de la SMLH,
Mesdames et Messieurs les Élus,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Je dois avouer que je m’adresse à vous avec une certaine surprise. Ma candidature au Prix de la Vague de la Réussite date de l’an dernier, et pour être tout à fait honnête je ne pensais pas la voir aboutir. Je n’ai jamais vraiment été une bête à concours, si vous me passez l’expression. Souvent finaliste, parfois démarqué par le public mais jamais vainqueur. Pour reprendre les mots de Timothy SPALL
recevant son prix d’interprétation au Festival de Cannes : « J’ai souvent été demoiselle d’honneur, mais je n’ai jamais été la mariée. »
Alors quand M. le Secrétaire BLUA
m’a téléphoné pour m’annoncer que mon profil, repris parmi ceux de l’année dernière, avait été retenu ; je ne savais pas quoi dire.
Mais en y pensant plus profondément, je m’aperçois que je suis sans doute plus heureux de recevoir cette distinction aujourd’hui que si je l’avais eue l’an dernier. L’année qui s’est écoulée a en effet été l’occasion de conforter mes choix, de préciser mes projets et de gagner en expérience ; que ce soit sur scène, dans mes études ou dans ma vie personnelle. Le Prix de la Vague de la Réussite prend tout son sens alors que mes activités s’exportent jusqu’à la Basilique du Sacré-Cœur du Prado de Marseille, et que j’entre dans l’année de mes vingt ans. Je remercie infiniment les membres de la SMLH d’avoir gardé mon profil sous la main pendant cette année, rendant la distinction encore plus encourageante. Et comme la musique ne peut exister sans l’oreille qui la considère comme telle, l’homme de scène n’a aucune consistance sans le public qui lui porte son attention. Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont prêté leur concours au fil de ces années, à commencer par mes chers parents, qui ont su dès le début me pousser dans cette voie.
Je garde en mémoire les mots de Frédéric BLUA, qui a été mon interlocuteur pendant la sélection : notre génération marque une forme de rupture de dialogue avec ses aînés, qui se caractérise par une image parfois cinglante portée par ces derniers envers la jeunesse. Enfants pourris gâtés, fainéants et ingrats ; nés avec entre les mains une technologie qui porte tout sur un plateau d’argent. Il n’y a qu’à voir la violence de certaines réactions à l’égard de Greta THUNBERG
lors de son passage à l’assemblée générale de l’ONU ; pour comprendre combien ce dialogue est difficile. Je profite de cette parole qui m’est donnée pour saluer la bienveillance des propos de M. le Secrétaire, et par extension de tous les membres de la SMLH. Notre monde et notre espèce vivent à l’aube de bouleversements sans précédent dans l’Histoire ; qu’ils soient économiques, environnementaux ou sociétaux. Certains philosophes (dont le regretté Michel SERRES) vont même jusqu’à parler de nouvelle Renaissance. Dans cette transformation, il n’y a aucune place pour les discordes, pour les querelles de pacotille ou pour les attaques personnelles. La jeunesse se doit d’entendre les mises en garde de l’Histoire et de ses aînés ; tout comme la génération qui nous précède doit entendre nos aspirations à vivre un monde plus serein, pacifié et respectueux de la Nature qui l’abrite.
Le Prix de la Vague de la Réussite est un premier pas vers ce dialogue retrouvé et vers une confiance mutuelle. Je ne suis ni activiste, ni militant, ni politisé ; mais je pense que les arts vivants ont aussi leur place dans cet échange et cette recherche de réponses. L’expression artistique qui était autrefois une simple contemplation du Beau, se veut aujourd’hui plus subjective, plus engagée, plus interrogatrice. Voir ma volonté de puiser des réponses dans l’art saluée par une telle récompense me conforte et accroît ma détermination. Je citerai le premier lauréat de cette distinction, Lorenzo CHICHE, artiste qui a toute mon estime et que j’ai la chance de compter parmi mes amis : « Recevoir ce Prix est une source de motivation, donne envie de prouver qu’on la mérite bel et bien. »
En le rejoignant parmi les lauréats, je fais la promesse de tout mettre en œuvre pour m’en montrer digne, garder à l’esprit tout ce en quoi je crois, et faire de mes productions un témoignage de mon espoir sans cesse renouvelé ; un espoir en la vie, en l’avenir, et en l’Homme dans ce qu’il a d’universel.
Je vous remercie de votre attention.
Etienne J. BERNY